Une catastrophe écologique au nom de la technologie
Dans une ère où tout se doit d’être écologique, biologique, éco-conçu, renouvelable, durable, responsable…, on a du mal à admettre que l’obsolescence programmée soit la règle. Mais de tels concepts ont encore de beaux jours devant eux tant que ce commerce juteux contentera les industriels peu scrupuleux. Car que deviennent en effet ces fameux objets ?
On se rassure en se disant qu’il existe désormais les déchetteries et autres filières de recyclage qui se chargeront de donner une seconde vie à nos vieux appareils. Car il est techniquement possible d’extraire les matières dangereuses et polluantes, de réutiliser les divers plastiques et métaux de tout ce bazar hi-tech.
En France, chaque année 60 millions de téléphones portables finissent au rebut
(source Reportage « Un gâchis organisé »)
Mais chaque année, les Français jettent 24 kg de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) par habitant et seulement 50% de ces déchets sont recyclés. Que deviennent alors les 50% restants ?
Le recyclage : progrès ou illusion ?
Sous couvert d’accord bilatéraux entre les pays, des conteneurs entiers d’anciens PC, de vieux téléviseurs transitent vers des pays en développement comme l’Inde, Chine ou l’Afrique de l’Ouest devenue la poubelle de l’Europe. Tous ces déchets y sont « désossés » dans des conditions proches du Moyen-Age. Dans ces immenses décharges à ciel ouvert, « ouvriers » et enfants démantèlent nos précieux joujoux hi-tech sans aucune protection. On crame des câbles, on explose les écrans d’ordinateurs pour récupérer des métaux comme l’aluminium ou le cuivre moyennant une poignée d’euros pour manger. Tous ces déchets électroniques contenant notamment du plomb, du mercure, des acides deviennent à leur tour des sources de pollution dans ces pays. Une catastrophe écologique dont nous sommes responsables…
Un énorme gaspillage cautionné par les consommateurs malgré eux
Votre téléphone vous fait perdre quelques textos, votre lave-vaisselle ne marche plus qu’en cycle rapide, votre lave-linge a rendu l’âme. Face à ces défaillances, on se reproche parfois une mauvaise utilisation ou un manque de soin. On peut regretter aussi d’avoir voulu acheté moins cher ou de bénéficier d’appareils en promotion ou bradés lors de soldes monstres.
« J’achète donc je suis »
Mais le progrès a pensé à tout. L’obsolescence programmée s’est adjoint les services du marketing pour nous inculquer deux notions essentielles : la convoitise et la culpabilité. Qui n’a jamais voulu avoir le dernier modèle de portable avec toutes les options ? Qui n’a pas rêvé de voir trôner un écran plat dans son salon ? Comment ne pas avoir honte de sortir en public avec un téléphone portable de plus de 150g ? Pourquoi continuer à utiliser un lecteur MP3 alors qu’un téléphone portable remplit la même fonction ? Face à ses propres défauts, l’acheteur lambda s’insurge parfois mais a du mal a résisté au chant des sirènes de la publicité. La mode et la société ultra capitaliste ont eu raison de notre capacité de résistance face à l’offre.
Et si nous adoptions une consommation responsable ?